Plus tout-à-fait singe mais pas encore véritablement humain, Khon l'Ancien serait-il le maillon manquant ? Son aspect physique l'apparente aux primates mais son comportement annonce l'homme moderne, et il évolue dans une société dont les travers, déjà, sont ceux de notre époque.

L'humour caustique de l'auteur nous entraîne dans un tourbillon échevelé et fantastique à travers les siècles, depuis le moment où Khon l'Ancien se dresse sur deux pattes jusqu'à l'époque où son lointain descendant devient Gouverneur de la planète Mars.

Entre-temps, guerres, révolutions, contre-révolutions se succèdent. La massue est remplacée par l'arc puis par l'arbalète qui cède bientôt la place au tromblon que détrône la Kalachnikov, avant l'avènement de la guerre presse-bouton.

Au fil du temps, l'homme maîtrisa le feu et se fit pyromane, construisit Babylone et détruisit Carthage, dompta l'atome et le précipita sur Hiroshima, érigea des centrales nucléaires et oublia la poubelle où stocker leurs déchets, inventa le scanner et la chambre à gaz, la prothèse orthopédique et la mine anti-personnelle, le four à micro-ondes et le four crématoire…

Il conçut également le balai qui ne nettoie que devant la porte du voisin, rendit invisible la poutre dans l'œil, débarrassa l'argent de son odeur, protégea ses yeux avec des œillères, ses oreilles avec des boules Quiès, accrut, pour se laver les mains, les performances de la pierre ponce et multiplia le nombre des confessionnaux. Au cours des âges, l'homme toucha le sublime et se plongea dans l'ignoble, s'éleva dans l'azur éthéré et se vautra dans la fange.

Il vécut mille et une vies, et il est toujours aussi con.